Humeur maussade…
Extraits choisis de l’album La Grand-Messe, des Cowboys Fringants:
Si je m’arrête un instant,
pour te parler de la vie,
je constate que bien souvent,
on choisit pas mais on subit
Et que les rêves des ti-culs
s’évanouissent ou se refoulent,
dans cette réalité crue
qui nous embarque dans le moule
La trentaine, la bedaine,
les morveux, l’hypothèque,
les bonheurs et les peines,
les bon coups et les échecs,
Travailler, faire d’son mieux,
n’arracher, s’en sortir,
et espérer être heureux,
un peu avant de mourir
Et au bout du ch’min dis-moi c’qui va rester,
de not’ ti passage dans ce monde éffréné,
après avoir existé pour gagner du temps,
on s’dira que l’on était finalement
Que des étoiles filantes
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C’est ben la mode depuis que’q’temps
À la veille de chaque élection
On nous scande le mot changement
Qu’on nous promet sur tous les fronts
Bien sûr qu’ça s’avère être du vent
C’pas la première fois qu’on nous pogne
Le programme d’un gouvernement
C’comme une promesse d’ivrogne
Mais l’monde oublie vite c’est pas grave
Suffit de faire un bon budget
D’parler d’santé pour que les caves
Vous réélisent l’année d’après
Comme ça vous pourrez en cachette
Continuer d’exploiter les hommes
Et mondialiser la planète
Pour enrichir vos chums
En attendant vive le changement!
Celui qu’vous offrez tous les quatre ans
Car si tout ça fait qu’on régresse
C’est vrai! Que vous t’nez vos promesses
Les beaux slogans politiques
« Nous sommes prêts », oui vous êtes prêts!
À privatiser c’qui est public
Soi-disant dans notre intérêt
Quand en plus ils passent dans l’tordeur
Les acquis sociaux du passé
R’venir au temps du cheap labour
C’tu ça être « sous traité »?
Pour qu’leurs projets soient acceptés
Y’inventent des nouvelles expressions
Même les termes sont aseptisés
Pour mêler la population
Réingénérie de l’État
Ou ben dérèglementations
C’est tu pour m’passer un savon
Qu’tu m’sors ton charabia?
En attendant vive le changement!
Celui qu’vous offrez tous les quatre ans
Car si tout ça fait qu’on régresse
C’est vrai! Que vous t’nez vos promesses
Non à l’exploitation!
(NON!) À la domination!
(NON!) Non à l’exclusion!
Ce sont des mots qui existent encore…
Non au je m’en foutisme!
(NON!) Néo-libéralisme!
(NON!) Non à l’impérialisme!
Ce sont des maux qui font qu’on s’endort…
Ça prend pas des grandes théories
Pour comprendre que toué décisions
Sont dictées par l’économie
Même si ça frôle la dérision
Quand la corruption fait fléau
Et engraisse les chums du régime
Avec l’argent de nos impôts
Moi j’appelle ça un crime
C’est donc pour ça que j’dis no way!
À leurs faux changements chloroformes
Qui nous imposent de reculer
Tout ça sous l’couvert de réformes
J’pense que dans cette médiocratie
Où on s’perd dans les convergences
Gueuler reste la porte de sortie
Pour contrer l’ignorance
En attendant le vrai changement
Celui qui fera aller d’l’avant
J’me bouge le cul pis j’me questionne
Et je contre-révolutionne…
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Je vais jouer la game jusqu’au bout
J’travaillerai pour faire des bidous
J’veux flasher et péter d’la broue
Je suis un triste humain du 21ème siècle
Pose pas d’questions, tout est correct
Même si je sais qu’tout va d’travers
Que la moitié de mon salaire
Sert à gagner l’cash nécessaire
Qu’il me faut simplement pour aller travailler
J’ferme les yeux, j’veux pas y penser
Je sais aussi que j’suis prisonnier
D’une grosse cage aux barreaux dorés
Que j’vis sur du temps emprunté
À des banques et à des compagnies de crédit
Ça m’prend ma dose j’suis un junkie
Si la vie vous intéresse
Vous êtes à la bonne époque
Venez célébrer cette Grand-messe
Vous vous sentez inutiles?
Consommez! On a du stock
Pour combler l’trou de vos vies serviles!
Dans un monde en décadence
Qui se complait dans l’abondance
Et où les gens se mettent en transe
Devant la réussite et les biens matériels
On crée l’plaisir artificiel
Société de contradictions
Où se cotoient beautés canons
Stars d’hollywood aux faux totons
Et obèses aux gros culs su’l bord d’la crise de coeur
Dans cette « culture du hamburger »
Et malgré que s’creuse le fossé
Entre richesse et pauvreté
Moi j’me sens pas trop concerné
En autant qu’ces choses-là
Se passent pas dans ma vie
J’me rentre la tête dans mon nombril
Si la vie vous intéresse
Vous êtes à la bonne époque
Venez célébrer cette Grand-messe
Vous vous sentez inutiles?
Consommez! On a du stock
Pour combler l’trou de vos vies serviles!
Pour les marchands et les vendeurs
Les publicitaires bullshiteurs
Mon compte de banque a d’l’intérêt
Ch’pu un humain chu un guichet
Des magasins à grandes surfaces
Des portions géantes pour la masse
Capitalisme: point d’non-retour
Yes sir ! J’ai les States dans ma cour
J’ai décidé de jouer la game
Je suis dans un cercle vicieux
Endetté chronique d’un système
Superficiel et pernicieux
Un univers où l’verbe avoir
A pris l’dessus sur le verbe être
Où tous les gens se font accroire
Qu’la possession est la seule quête
Finis les temples et les églises
Ceux de notre civilisation
S’ront à la gloire des marchandises
Et du Dieu d’la Consommation
Costco, Wall Marde et pis Loblaw
La vie est belle Alleluia!
Si tu bandes pas y’a Viagra
Et God bless America!
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Toi qui crois que le bonheur s’achète
Que l’argent amène la liberté
Toi qui s’dis qu’en regardant à droite
Tu feras une meilleure société
Toi qui crois qu’pour ta sécurité
La répression est vraiment nécessaire
Toi qui passes ta vie l’esprit fermé
Peut-être bien que tu mourras amer
Car si tu penses un peu comme ça
Moi j’te dis que t’es dans l’champ mon gars
J’voudrais pas marcher
Dans tes souliers…
Toi qui crois qu’exploiter la nature
Est une bonne chose pour faire ton profit
Même quand les générations futures
S’ront prises avec le fruit de ta folie
Toi qui s’fous d’la condition humaine
Qui méprises les gens dans la misère
Toi qui s’dis qu’ils n’en valent pas la peine
Je souhaite bien que tu mourras amer
Car si tu penses un peu comme ça
Moi j’te dis que t’es dans l’champ mon gars
J’voudrais pas marcher
Dans tes souliers…
Toi qui as fait ta place dans l’histoire
Avec la haine, les conflits et les guerres
Toi qui s’dis que détenir le pouvoir
C’est de faire du monde un cimetière
Toi qui crois que ton propre salut
Et ton court passage sur cette terre
Valent plus cher que toutes les vertus
J’espère bien que tu mourras amer
Car si tu penses un peu comme ça
Moi j’te dis que t’es dans l’champ mon gars
J’voudrais pas marcher
Dans tes souliers…
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